Claude Parent

Architecture
Élu(e) le
Prédécesseur
Né(e) à
Neuilly-sur-Seine
Le
Date de décès
Claude Parent

Après des études de latin-grec, de mathématiques spéciales et d’architecture aux Beaux-Arts de Toulouse et de Paris, Claude Parent affirme précocement son goût pour les chemins de traverse et son engagement vers une architecture d'avant-garde. 
Il ouvre son agence en 1953 en association avec Ionel Schein : de cette époque datent les réalisations de la maison Gosselin à Ville d'Avray, de la maison Morpain à La Celle sur Seine, de la maison Le Jeannic à Issy les Moulineaux.

Sa rencontre avec André Bloc se traduit par une collaboration de dix ans, qui donnera lieu entre autres à la réalisation de la Maison expérimentale au Cap d'Antibes 1959 et à celle de la Maison de l’Iran à la Cité universitaire de Paris en 1962.
Grâce à la revue « L'Architecture d'Aujourd'hui » dont il est devenu collaborateur, Claude Parent est confronté aux mouvements artistiques d’avant-garde - néo-plasticisme, abstraction géométrique, synthèse des arts, architecture-sculpture. 
Il est par là même amené à confronter ses idées aux artistes du « Groupe Espace» : Fernand Léger, Sonia Delaunay, Dei Marie, Pillet, Deswane, Vasarely, Mannoni, Baertling, Descombins, Gilioli, Hartung, Pol Bury ... de ces rencontres naîtront parfois des collaborations, comme avec Nicolas Schöffer pour la « Ville Spatio-Dynamique » (1952-1955), et pour le « Théâtre Tournant» (1956), ou avec Tinguely pour le projet de Luna-Tour sur l'implantation du parc des expositions de Luna-Park Porte-Maillot à Paris ; la rencontre, essentielle, avec Yves Klein se traduira, outre une amitié profonde, par les recherches sur « L'Architecture de l'Air » et la rencontre de l'air et du feu (travail sur les fontaines de Varsovie au Trocadéro).

L’engagement artistique de Claude Parent le dirige vers le théâtre. Il collabore avec Sylvain Dhomme pour le praticable d' « Ondine » au Théâtre de Verdure du Bois de Boulogne et pour le dispositif scénique d'une pièce de Tagore à L'Unesco. 
Par la suite, il travaille avec Polieri dans le cadre de trois spectacles et réalise le « Théâtre Mobile et sans acteurs » du Festival d'Art d'Avant-garde à Paris. Il conseille Marc'O pour « Le Ring des Idoles » et s'associe à Agam pour dessiner le « Théâtre à scènes multiples ». Il réalise également à cette époque la scénographie de très nombreuses expositions de peinture et de sculpture.
Parallèlement, à travers les travaux conduits avec Nicolas Schöffer sur « La ville spatiodynamique » et « les Villes-Cônes » avec Lionel Mirabaud (1960), s'amorce une recherche sur l'Architecture Utopique. Deux maisons caractérisent cette période : la villa Drusch à Versailles en 1963 et la villa Bordeaux le Pecq en 1963-64, à Bois le Roi, construite sur le thème de l’émergence.

C'est dans ce climat que se produit, à l'initiative du peintre Michel Carrade, la rencontre avec Paul Virilio. En 1964 se crée, autour de la redécouverte de principes architecturaux oubliés ou transgressés, une association qui prend de ce fait le nom d' « Architecture Principe ». Outre Claude Parent et Paul Virilio, elle comptait dans les membres fondateurs le peintre Michel Carrade et le sculpteur Morice Lipsi.
Des travaux théoriques d' « Architecture Principe » naît en 1964 un monument manifeste : l'église Sainte Bernadette du Banlay à Nevers qui s'applique au détournement de la forme du bunker - spécialité de Paul Virilio -, à l'usage du porte-à-faux de masses, à l’exaltation de la vérité du matériau, à l'emploi des plans inclinés. Cette collaboration quotidienne se manifeste en outre par des projets, quelques réalisations, les neuf numéros de la revue « Architecture Principe » et la présence à de nombreux colloques, comme l' « Exploration du Futur » à la Fondation Nicolas Ledoux (1965), ou ceux de Lurs et Folkstone en 1966. Après les évènements de mai 1968, les chemins de Virilio et Parent s’éloignent et Claude Parent continue seul son travail d'architecte dans le respect des principes que la réflexion commune avait développés.

En 1970, nommé commissaire de la participation française à la 35ème Biennale de Venise, Claude Parent donne aux artistes une composition de sols inclinés comme seul programme de travail : il s'agissait de confronter la sensibilité des peintres, des sculpteurs et des photographes à un univers aux références spatiales basculées. Cet habitacle-programme s'inscrivait dans une série de constructions d'espaces obliques réalisés dans les Maisons de la Culture: au Havre (1969), à Nevers (1971), à Amiens (1972), à Douai (1973), à Châlons-sur-Saône (1973).

A partir de 1964, l'architecture de Claude Parent se concentre sur une « mise en dynamique de la forme » et pour ce faire sur la « fracture du monolithe » : les grands hypermarchés de 1968 à 1970, les centrales nucléaires de 1974 à 1984, les immeubles de bureaux à niveaux décalés comme celui du Septen à Lyon (1984) procèdent de ce double parrainage : mouvement et fracture de la masse.

Les derniers travaux, Roissy-Pôle (1995) ou l'Hôtel de Ville de Lillebonne (1993-1998) font apparaître une dislocation plus agressive de la forme globale ; l'œuvre exprime un dosage très calculé entre la recherche de l'unité et l'individualisation de parties autonomes : elle se donne ce faisant sa propre contradiction dont elle tire son expressivité. 

Actuellement, les dernières recherches de Claude Parent s'articulent autour de la continuité des « Surfaces », de la mise en place du « Conflit » et de l'exploration de la notion de « Limites ».
Sa série de dessins « Open-Limit » et « Maisons Improbables» ont été exposés à la galerie Darthea Speyer à Paris et à Nancy, dans le cadre de l'exposition « Avenirs des villes/ Futurs for Cities » de 2005.

A l’écart de toute école, de tout mouvement, de tout formalisme, le parcours de Claude Parent exprime une forme de marginalité dans laquelle il semble avoir toujours vu la condition nécessaire, bien que non suffisante, de la création architecturale. Création architecturale dont il a pu écrire qu’elle était « la plus belle illusion que l’on puisse proposer aux hommes ».

Chevalier de la Légion d'Honneur
Commandeur de la Légion d'Honneur
Commandeur de l'Ordre National du Mérite
Officier des Palmes Académiques
Commandeur des Arts et Lettres

Œuvres