Institut de France

Prix artistiques 2025 de la Fondation Simone et Cino Del Duca

Chaque année la Fondation Simone et Cino Del Duca décerne deux prix sur proposition de l’Académie des beaux-arts, dotés chacun de 25 000 €, remis dans les deux disciplines non concernées par le Grand Prix artistique de l’année. En 2025, la peinture et la sculpture sont concernées, le Grand Prix étant attribué à Thomas Adès dans le domaine de la composition musicale.

Les Prix artistiques seront remis le 19 novembre lors de la séance solennelle de rentrée de l’Académie des beaux-arts.
 



PRIX DE PEINTURE

Attribué sur proposition de la section de peinture de l’Académie des beaux-arts à

FRANÇOIS BOISROND

François Boisrond entre à l’école des Arts-Décoratifs de Paris en 1978. Il y rencontre Hervé Di Rosa, un ami du peintre Robert Combas. A leurs côtés, il revendique une peinture libre et figurative, aux couleurs vives et aux figures délimitées au trait noir, réalisée dans l’urgence de l’instant sur tous types de supports.

Les sources d’inspiration de François Boisrond sont alors les héros et mascottes des médias, les jeux vidéo, les BD belges, les affiches françaises mais aussi les artistes David Hockney, Peter Black, Fernand Léger, Savignac ou Matisse. Tout juste sorti de l’école, il expose déjà dans de nombreuses galeries privées et des institutions françaises lui consacrent des expositions personnelles dès 1985 (CAPC de Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts de Nantes, Centre Pompidou, Musée des Sables d'Olonne…).

Rapidement, François Boisrond prend ses distances vis-à-vis de la « Figuration libre » ; il préfère renouveler ses sujets d’inspiration et complexifier ses procédés techniques qu’il juge « trop étriqués ». 

Il n’hésite pas à utiliser les nouvelles technologies ou des techniques historiques pour peindre au plus juste ses « petites vérités », qu’il situe à mi-chemin entre « l’anecdotique » et « le cliché ». Il utilise des photographies argentiques puis numériques pour composer ses images (Paris d’après polaroïd : L’autocar, 1987), se nourrit des vibrations de la lumière cathodique puis des pixels du numérique (« L’impressionniste » ou « Canal+ sans le décodeur », 1989). Au début des années 90, ses sujets d’inspiration s’étendent aux scènes de la vie moderne (Le bar-tabac, 1989), à de grands classiques (Les fables de la Fontaine, 1991) et plus tard au monde de l’art (La nouvelle Biennale, 2001- 2003).

François Boisrond élargit sa palette grâce aux couleurs du logiciel Photoshop (Le pigment rouge, 2001), et compose même à partir d’images filmées (La boule blanche, 2008). François Boisrond développe également une œuvre graphique conséquente, qui fait l’objet d’une exposition au cabinet des dessins Jean Bonna des Beaux-Arts de Paris et d’une publication en 2016. Il introduit dans son  travail de nouveaux univers comme ses recherches sur le costume (série des Uniformes) et la composition de Tableaux vivants, renouant par là avec la tradition des maîtres anciens.

François Boisrond a enseigné à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris de 1999 à 2021. En 2022, le Musée Paul Valéry de Sète présente François Boisrond. Une rétrospective qui illustre notamment les rapports privilégiés que l’artiste a toujours entretenus avec le cinéma et qui a donné lieu à l’édition d’un catalogue.

Le Prix de peinture de la Fondation Simone et Cino Del Duca est doté d'un montant de 25 000 €.


PRIX DE SCULPTURE

Attribué sur proposition de la section de sculpture de l’Académie des beaux-arts à

PASCAL CONVERT

Pascal Convert est artiste, historien et écrivain. Il se présente comme un « archéologue de l'architecture, de l'enfance, de l'histoire, du corps, des temps », la question de la mémoire et de l’oubli est au cœur de son travail. Il est l’auteur d’œuvres emblématiques et engagées telles que – pour n’en citer que quelques-unes - le monument en hommage aux otages et résistants fusillés au Mont-Valérien entre 1941 et 1944, cloche imposante en bronze recouverte des noms des mille huit fusillés identifiés (2002) ; l’ensemble de quatorze vitraux portraitisant des enfants aliénés au XIXe siècle pour l’Abbatiale de Saint Gildas des Bois (2008). A partir des années 2000, il réalise des sculptures en cire inspirées d’icônes de presse de conflits proches (Kosovo, Algérie, Palestine) et poursuit ses recherches sur la période de la Résistance en France en publiant les biographies de Joseph Epstein - résistant fusillé au Mont Valérien, responsable du groupe Manouchian - et Raymond Aubrac.

En 2016 Pascal Convert se rend en Afghanistan où il réalise une œuvre qui rappelle la destruction le 19 mars 2001 par les talibans des Bouddhas géants de la falaise de Bamiyan. Sa collaboration avec Georges Didi-Huberman initiée en 1998 avec le livre La demeure, la souche (Editions de Minuit) puis Sur le fil (Éditions de Minuit, 2013) s’est poursuivie à cette occasion avec la création d'un livre d'artiste titré Antres-temps. Ses travaux plus récents l’ont conduit sur les problématiques mémorielles en Arménie, en particulier la destruction des Katchkars, stèles gravées réalisées entre le 12ème et le 18ème siècle, par les autorités azerbaïdjanaises. Dans le cadre de la création du Centre d’Etudes Picasso inauguré le 26 mars 2025, le musée national Picasso Paris a commandé à l’artiste une grande bibliothèque de livres cristallisés – tous ouvrages monographiques sur Picasso – afin de constituer l’œuvre emblématique et tutélaire du lieu.

La monographie Pascal Convert co-éditée avec le CNAP et Flammarion retrace pour la première fois l’ensemble de ses œuvres (2024). Il est représenté par la galerie RX&SLAG.

« De ses voyages du souvenir on pourrait croire que c’est la substance même de ce terrain mélancolique que Pascal Convert cherche à faire partager, ne dit-il pas lui-même que le malheur est un matériau « concret » ? Ainsi il tente un corps à corps avec cette charge émotionnelle et la transpose en élément plastique. Il emploie parfois la pierre, le fer ou le bronze, mais ses matériaux de prédilection sont d’abord le verre et la cire. Pour évoquer le souvenir de la chair fragile ou de sa douleur, c’est avec la transparence complexe du verre qu’il en captive l’image. Ainsi, il effleure et tente de faire vivre de l’instance réelle, cette absence qui résiste. » Brigitte Terziev, pour la section de sculpture de l’Académie des beaux-arts.

Le Prix de sculpture de la Fondation Simone et Cino Del Duca est doté d'un montant de 25 000 €.

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