Éditorial de la Lettre numéro 91 | hiver 2019-2020

Par Laurent Petitgirard, Secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts

 

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Alors que paraît ce numéro spécial de la Lettre de l’Académie des beaux-arts, destiné à présenter les activités et le patrimoine de notre Compagnie, l’élection le mercredi 15 janvier 2020 de Catherine Meurisse dans la section de Peinture élargit encore le spectre des disciplines qui la compose.

Cette jeune artiste, élue à 39 ans, devient non seulement la benjamine de notre académie, mais également celle de tout l’Institut de France. Avec elle, c’est la bande dessinée, souvent dénommée le Neuvième Art, mais aussi l’art du dessin de presse que nous accueillons parmi nous. Soixante années séparent ainsi Catherine Meurisse de notre cher doyen Pierre-Yves Trémois.

Cette élection démontre encore une fois l’incroyable diversité des esthétiques et des moyens d’expression que l’on trouve à l’intérieur de chaque section de l’Académie des beaux-arts.

Catherine Meurisse, dessinatrice au parcours riche, ouvert sur la vie mais aussi tragique, sait qu’elle va rejoindre des femmes et des hommes engagés dans le soutien à la création et la défense de notre patrimoine artistique.

Ainsi que vous pourrez le découvrir dans les pages qui suivent, notre Compagnie utilise pleinement les moyens dont elle dispose pour favoriser l’émergence de nouveaux talents tout en donnant la possibilité à un public de plus en plus large d’avoir accès aux œuvres et lieux magnifiques dont elle a la charge.

Et pour saluer l’élection de notre jeune consœur, un prochain numéro de la Lettre de l’Académie sera consacré au monde foisonnant de la bande dessinée. Est-il besoin encore de dire qu’il s’agit d’un art à part entière, avec ses techniques et ses codes, ses grands courants et ses collectionneurs, un public considérable, présent dans de grandes expositions au Centre Pompidou et ailleurs ? Ce serait aussi ridicule que de vouloir se lancer dans une défense et illustration du cinéma. Au xix e siècle, l’Académie n’aurait jamais élu Gavarni – qu’aurait-on pensé du Charivari arrivant quai de Conti ? – ni Daumier, malgré ses peintures et ses sculptures géniales, au XX e siècle, elle n’a pas songé à élire Jean de Brunhoff, inventeur d’un populaire héros qui porte un habit vert, ni Claire Bretécher, que le Festival d’Angoulême avait pourtant couronnée d’un Grand Prix dès 1982. Catherine Meurisse est leur héritière, elle avait envie d’être des nôtres, elle est désormais à sa place dans cette Académie qui, fidèle à sa vocation, ne cesse de se transformer.