Prix Arts numériques

Jonas Lund, lauréat du Prix Arts numériques

La Fondation Etrillard, fondation familiale suisse, et l’Académie des beaux-arts ont lancé en février 2025 la première édition du Prix Arts numériques. Ouvert aux candidats de toute nationalité résidant en Europe, sans limite d’âge, ce prix inédit récompensera chaque année une œuvre numérique récente en résonance avec les disciplines artistiques représentées à l’Académie.
 


La sélection et le choix du lauréat

429 candidatures provenant de toute l’Europe ont été reçues à l’issue de l’appel à candidatures. Les jurés ont ensuite procédé à plusieurs phases de présélection qui ont abouti à l’examen de 21 dossiers lors du jury final. Au cours de ce jury, trois artistes ont été désignés finalistes du concours : Justine Emard, pour son œuvre Hyperphantasia, des origines de l’image, Jonas Lund, pour son œuvre MVP (Most Valuable Painting) et Thomas Marcusson, pour son œuvre A.I. Ball.

Le lauréat a été proclamé ce mercredi 22 octobre à l’occasion d’une cérémonie sous la Coupole du Palais de l’Institut de France. Il s’agit de : Jonas Lund pour son œuvre MVP (Most Valuable Painting). Il reçoit une dotation de 20 000 euros, en récompense de son parcours et de son œuvre numérique. L’œuvre sera exposée en France ou en Suisse en 2026.

« C’est un véritable honneur de recevoir le tout premier Prix Arts numériques décerné par l’Académie des beaux-arts et la Fondation Etrillard. Cette distinction récompense non seulement mon travail avec MVP, mais aussi ma pratique artistique plus large. En effet j’explore depuis longtemps la manière dont les technologies en réseau façonnent la valeur des choses, le pouvoir d’action et la culture. Le fait que l’Académie, cette institution historique, choisisse d’ouvrir ses portes aux pratiques numériques marque une étape importante dans la reconnaissance de leur place dans l’art contemporain. »

Jonas Lund

Jonas LundNé en 1984, Jonas Lund est un artiste suédois qui crée des œuvres – peintures, sculptures, photographies, sites web, performances – portant un regard critique sur les systèmes en réseau et les structures de pouvoir contemporains. Il conçoit des œuvres performatives, qui nécessitent souvent la participation du spectateur, où les tâches sont exécutées selon des algorithmes ou un ensemble de règles. Il explore ainsi les questions soulevées par la numérisation croissante de notre société. Jonas Lund est titulaire d’un master du Piet Zwart Institute de Rotterdam (2013) et d’un BFA de la Gerrit Rietveld Academy d’Amsterdam (2009). Il a présenté des expositions individuelles au Francisco Carolinum, Linz, à la Photographers’ Gallery (Londres), à la König Galerie (Berlin), à la Steve Turner (Los Angeles) et a participé à de nombreuses expositions collectives, notamment au Centre Pompidou, au Schinkel Pavillon de Berlin et au ZKM de Karlsruhe.

Quelques mots sur l’œuvre

MVP est un projet artistique algorithmique participatif qui étudie de manière critique comment la valeur est déterminée dans le monde de l’art en créant un système où l’engagement du spectateur influence directement les résultats esthétiques. Composée de 512 peintures numériques individuelles et évolutives, l’œuvre se situe à la croisée de la tradition picturale et de l’art computationnel, transformant la nature généralement statique de la peinture en un processus dynamique.

Jonas Lund
Jonas Lund, MVP (Most Valuable Painting), vue d’exposition de “Studio Visit: How to Make Art in the Age of Algorithms”, Francisco Carolixnum, OÖ Art, Linz, 2022

Un jury prestigieux et pluridisciplinaire

Présidé par Gilles Etrillard, président et fondateur de la Fondation Etrillard, le jury a réuni autour de Valérie Belin, photographe et artiste plasticienne membre de l’Académie des beaux-arts et Patrick Flandrin, physicien et membre de l’Académie des sciences, cinq experts de l’art numérique : Philippe Bettinelli, conservateur au service Nouveaux Médias du Centre Pompidou, Jean-Marie Dallet, artiste numérique et professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Alain Fleischer, artiste et Directeur du Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Sabine Himmelsbach, directrice de la HEK (Haus der Elektronischen Künste) à Bâle, et Margit Rosen, responsable des collections, des archives et de la recherche au ZKM Zentrum für Kunst und Medien à Karlsruhe.

« Les œuvres des trois artistes finalistes proposent, au-delà de la prouesse technologique, une vision singulière, une émotion, une réflexion sur notre époque ou sur les disciplines artistiques qu’elles réinterprètent. L’audace, la cohérence et la capacité à questionner le regard du spectateur sont particulièrement présentes dans l’œuvre lauréate. » Valérie Belin, photographe et membre du jury du Prix

« Pour cette première édition du Prix, il était important de récompenser une œuvre qui invite à une réflexion sur la nature même de l’art numérique et les processus qui sous-tendent sa création. Au-delà de son efficacité formelle et de son lien avec la peinture abstraite, le jury a été séduit par l’intelligence de l’œuvre et sa production, qui se fait l’écho des goûts du public en temps réel. » Miguel Perez de Guzman, délégué général de la Fondation Etrillard