Prix de Dessin 2019 - Viktoriia Sviatiuk

Prix de dessin Pierre David-Weill 2019

L’Académie des beaux-arts encourage la pratique du ‎dessin, geste fondamental de la création artistique, en organisant chaque année, le Prix de Dessin Pierre David-Weill - Académie des beaux-arts. Créé en 1971 par Pierre David-Weill, membre de l’Académie des beaux-arts, et activement soutenu par son fils Michel David-Weill, lui-même membre de l’Académie, ce concours est ouvert aux artistes de moins de quarante ans, français ou étrangers (résidant en France depuis au moins six mois) et est doté de trois prix (8000 euros, 4000 euros et 2000 euros).

L’exposition présentée du 28 mars au 13 avril 2019 à la Cité internationale des art  a dévoilé les œuvres des lauréats, Viktoriia Sviatiuk (Premier Prix), Eve Malherbe (Deuxième Prix), Maximilien Hauchecorne (Troisième Prix), Maria Chillon (mention) ainsi que les dessins de candidats ayant retenu l’attention du jury. Cette exposition a eu lieu dans le cadre de la Semaine du Dessin à Paris organisée par le Salon du Dessin.

22 candidats étaient sélectionnés au côté des lauréats pour participer à l'exposition : Justine Joly, Agathe Bokanowski, Agathe Dos Santos, Christelle Téa, Timothée Gruel, Sarah Fouquet, Virgile Mollat, Léo Forest, Ruben Fuentes Gonzalez, Julie Béasse, Yann Bagot, Lorella Paleni, Hélène Paris, Marielle Durand, Charline Rolland, Marc Brousse, Morgane Placet, Claire Malary, Raphaël Gallego, Tarik Essalhi, Elise Charcosset, Natacha Mercurio-Jeudy.

 


Les lauréats de l'édition 2019

Premier Prix - Viktoriia Sviatiuk

Viktoriia Sviatiuk
crédit Juliette Agnel

Née à Kiev en 1989, Viktoriia Sviatiuk est diplômée en 2008 de l’École républicaine d’arts plastiques de Kiev. En 2010, après deux ans d’études à la faculté d’art graphique et d’édition de l’Université Nationale Polytechnique de Kiev, Viktoriia Sviatiuk décide de venir en France où elle intègre l’École Supérieure des Beaux-Arts TALM d’Angers. Elle y obtient, en 2016, un diplôme Master 2 en Arts-Média.
Viktoriia Sviatiuk participe depuis à de nombreuses expositions avec diverses institutions telles que le Musée des beaux-arts et le Château d’Angers. En 2015, ses peintures sont publiées en tant qu’illustrations des Éditions « Hackoeurs », Paris Sorbonne. Cette année, sa première exposition personnelle « Les Nuances du Bleu » a eu lieu à l’Espace Art Contemporain À Vous De Voir, à Saint Mathurin sur Loire.


"Touchée par les violences qui envahissent l’Est de l’Ukraine, depuis 2014 j’ai commencé à travailler sur les questions de la représentation de la mort et de la guerre dans l’art. C’est dans ce cadre que j’ai réalisé une série de portraits de ma grand-mère, montrant son quotidien dans son appartement à Stakhanov. Aujourd’hui, la ville de Stakhanov est occupée par les séparatistes prorusses. Ma grand-mère a été obligée de laisser son appartement de famille pour chercher refuge à Kiev. Inspirée par les histoires venant du front, j’ai cherché à comprendre « la beauté de l’explosion » en réalisant des dizaines de croquis. De nombreux témoignages provenant de l’Est de l’Ukraine prouvent que même les civils sont souvent attirés par la beauté hypnotique des explosions. " Viktoriia Sviatiuk

Viktoriia Sviatiuk
Viktoriia Sviatiuk
Même la guerre est quotidienne, série de quatre dessins, 2019, pierre noire sur papier,

 

 

Deuxième Prix - Eve Malherbe

Eve Malherbe
crédit Juliette Agne

Eve Malherbe est née en 1987 en région parisienne ; elle vit et travaille à Marseille. Après des études de design et d’architecture intérieure, elle décide de se concentrer essentiellement à un travail plastique. Depuis quelques années, elle développe une pratique picturale où elle questionne la représentation du sujet et notamment des femmes, aussi bien dans la photographie que dans l’histoire de la peinture. Préoccupée par des thématiques telles que l’identité et la mémoire, elle explore les moyens d’illusion et d’artifice qu’offrent «l’histoire-peinture» et la « matière-peinture ». Re-mise en scène du passé, maquillage du portrait, détournements de mythes ; ses projets témoignent d’une volonté de lier le respect de l’histoire de l’art à une pratique personnelle contemporaine.

 

"Il y a un moment d’attente entre la résolution d’un crime et sa découverte. Ici, le dessin entre dans cette zone d’investigation, une salle d’attente remplie de figures pathétiques où le masculin s’affirme par le sang et la féminité par le trouble du drapé, annonçant tantôt un évanouissement, tantôt une apparition fantomatique.
Les battues et les recherches sont laborieuses. A l’image du travail de création et de figuration, Eve Malherbe explore le souvenir de ces présences, déterre quelques silhouettes par la lumière noire du fusain pour faire resurgir ces figures défaites qui errent dans les bois, ces formes du pathos qui traversent notre histoire.
Mais la représentation des sujets ne peut que s’estomper dans le doute, lorsque l’on tente de faire apparaître quelque chose qui est déjà parti mais résolument là." Julien Marchand

Eve Malherbe
Eve Malherbe
Ce qui précède et ce qui suit la catastrophe, série de cinq dessins au fusain sur papier satin, 2019

 

 

Troisième Prix - Maximilien Hauchecorne

Maximilien Hauchecorne
crédit Juliette Agnel

Maximilien Hauchecorne est né à Rouen en 1989. Après un Master Architecture intérieure et Design à l’ESAG Penninghen à Paris, il choisit de se consacrer pleinement au dessin à partir de 2018. Sa passion de l’architecture, son obsession pour le volume nourrit ses compositions d’une géométrie épurée. Il vit aujourd’hui entre Paris et Londres. Il collectionne au fil de ses voyages un grand nombre de photographies, de polaroids, de frottages de textures et de carnets de voyages, supports à son inspiration.

 

"Ces dessins sont réalisés à la plume et à l’encre de Chine comme l’est l’écriture calligraphique. Les traits à main levée conservent une vibration propre au geste ininterrompu et sont liés à un travail de respiration et de concentration.
Ce geste conserve sa maîtrise dans les bordures du papier en blanc tournant, mise en abîme de l’image elle-même dans le format du papier. Partant d’un noir intense, la composition se dévoile, il en émerge une géométrie, une architecture et une perspective, à la manière d’un regard s’habituant progressivement à la pénombre.
Le spectateur se met par cette lenteur au rythme de la création du dessin lui-même.
Le silence de la composition invite à la contemplation. Il répond aussi au processus pictural lent, solitaire, répétitif et résolument introspectif : une pratique méditative à l’image du mandala bouddhiste ou de la calligraphie latine. Ce silence témoigne de l’immobilité d’un environnement intérieur construit.
Seule la lumière évolue et crée l’émotion dans un univers impressionniste, celle d’une obscurité qui se dévoile." Maximilien Hauchecorne

Maximilien HauchecorneMaximilien Hauchecorne

 

 

Mention - María Chíllon

Maria Chillon
crédit Juliette Agnel

Née en 1982 à Ourense en Espagne, María Chillón est titulaire d’une Maîtrise ès Beaux-arts de l’Université de Salamanque et d’un Diplôme d’Etudes Avancées à l’Université Complutense de Madrid en dessin et gravure. Son travail de gravure a été de nombreuses fois récompensé (Prix Lacourière, Graver maintenant, etc.).

 

 

 

"Je veux saisir un moment de vie, l’arrêter pour le rendre visible, pour percer son mystère. Mes dessins partent des ombres de plantes sur le mur de papier que le crayon suit pour attraper un peu de leur vie. Comme la fille du potier de Corinthe trace le contour de son amant avant son départ dans l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien, j’essaie d’attraper un instant de la vie changeante ; mais presque sans le vouloir, les ombres deviennent des formes ambigües." María Chillón

Maria Chillon

 

 

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