La vente de la tour Eiffel, une arnaque ambitieuse

Victor Lustig, au centre, lors de son interrogatoire, aux États-Unis
Victor Lustig, au centre, lors de son interrogatoire, aux États-Unis, dans le cadre d’une enquête du contre-espionnage américain (date et lieux inconnus). Photo Evening Journal

 

Avec la mort de Gustave Eiffel, en 1923, la tour Eiffel perdait son principal protecteur et promoteur. Apprenant dans la presse les difficultés financières de l’exploitation du monument dues à un entretien onéreux et à une baisse de fréquentation, Victor Lustig, auteur de nombreuses escroqueries en France et aux États-Unis, élabora un scénario presque plausible selon lequel le propriétaire de la Tour, c’est-à-dire la Ville de Paris, avait l’intention de fermer et démanteler la Tour, et donc de mettre en vente son fer. En fait, la pérennité de la Tour avait été garantie à Gustave Eiffel dans les années 1910, non seulement pour son statut iconique depuis l’Exposition universelle de 1889 mais aussi pour ses fonctions stratégiques d’émetteur et récepteur de radiodiffusion. Le plan de Lustig était ficelé à la perfection, il se fit passer pour un haut-fonctionnaire parisien, allant même jusqu’à fabriquer des faux courriers officiels pour contacter des sociétés de ferrailleurs en vue d’organiser une rencontre. Le ferrailleur André Poisson mordit à l’hameçon et se présenta à un rendez-vous pour une enchère avec d’autres potentiels acheteurs qui étaient en fait des complices de Lustig. Il crut acheter les 7300 tonnes de fer de la Tour, et ne se rendit compte de la duperie que trop tard, une fois l’argent encaissé. Honteux, l’acheteur ne dénonça pas son malfaiteur qui s’était enfui en Autriche. Quelque temps plus tard, Lustig tenta à nouveau fois de vendre la Tour mais cette fois sans succès, ce qui l’obligea à quitter à nouveau la France. Exilé aux États-Unis, il continua ses méfaits auprès de dizaines de victimes, avant d’être arrêté et emprisonné en 1935. Il mourut en 1947 à la célèbre prison fédérale d’Alcatraz.