Soutien à la création | Le Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharriere, en partenariat avec L’Académie des beaux-arts

Par Marc Ladreit de Lacharriere, de la section des Membres libres

Le premier Prix de Photographie de l’Académie des beaux-arts a pu être créé, en 2007, grâce à l’initiative de Marc Ladreit de Lacharrière et au mécénat de son groupe Fimalac. Un partenariat qui, depuis plus de douze ans, récompense des projets photographiques personnels et originaux.

 

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Le fleuve Amour à Nergen, 2018, était une des photos présentes dans le projet « Une odysée sibérienne » de la lauréate 2017, Claudine Doury.

 

En 2005, mes confrères m’ont fait l’honneur de m’accueillir parmi eux. J’ai naturellement souhaité m’impliquer activement au sein de notre Compagnie et en soutenir les missions, en particulier dans le champ de la création artistique. C’est pourquoi, en 2006, à l’occasion de l’entrée officielle de la photographie à l’Académie des beaux-arts, j’ai souhaité créer un prix qui lui soit dédié. Ce Prix de Photographie permettait ainsi de marquer l’ouverture de cette nouvelle section au sein de l’Académie, mais aussi de soutenir et encourager la création photographique en France.

Ce premier Prix de Photographie créé à l’Académie, et qui bénéficie du mécénat de mon groupe Fimalac, ne se veut pas être un simple hommage au travail d’un photographe par l’octroi d’une bourse. Sous la forme d’un appel à projets, sa spécificité réside avant tout dans l’accompagnement et le soutien à la réalisation d’un projet personnel et unique, encourageant ainsi les jeunes talents comme les photographes reconnus. Par l’absence de thématique et sa totale liberté, le format de ce prix a pour ambition de participer à l’enrichissement du répertoire photographique français.

Les notions d’accompagnement et de soutien à la création sont l’essence même de ce prix, et c’est grâce à ce désir commun que le jury et moi-même avons eu la joie de faire connaître au public des réalisations où qualité et singularité prévalent. Une fois leur projet mené à bien, les lauréats bénéficient d’une exposition au Palais de l’Institut au mois de novembre, période la plus propice pour la photographie, au cours de laquelle se déroulent notamment la foire internationale Paris Photo et le parcours Photo Saint-Germain. Par ailleurs, la Revue des Deux Mondes, partenaire du Prix, consacre chaque année un hors-série dédié au projet mené par le lauréat, et participe également à la mise en valeur de son travail.

 

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Image extraite du reportage « anima », de Jean-François Spricigo, lauréat de l'édition 2008.

Depuis 2007, le Prix distingue à chacune de ses éditions, une vision originale et unique d’un photographe de talent, et je me réjouis du succès de ce Prix et de sa reconnaissance. Devenu biennal en 2018, sa dotation permet au lauréat de bénéficier de plus de temps pour mener à bien son projet et lui donner plus d’envergure. C’est dans cet esprit que nous aurons la joie de découvrir à l’automne 2020 le travail que notre dernière lauréate, la photographe Flore, aura mené durant deux ans, pour son projet L’odeur de la nuit était celle du jasmin, sur les traces de Marguerite Duras, entre Vietnam et Cambodge.

Les artistes exceptionnels récompensés précédemment nous ont déjà offert de magnifiques voyages, une véritable déambulation entre les continents...Ainsi, notre voyage artistique a débuté en Afrique avec Malik Nejmi et son témoignage poignant sur les enfants handicapés. Quelques années plus tard Katharine Cooper nous a dévoilé un portrait intimiste des blancs d’Afrique du Sud. En France, Thibaut Cuisset nous a fait redécouvrir la campagne, de la Lozère à l’Yonne ; et Marion Poussier nous a immergés au cœur de subtils liens familiaux. Jean-François Spricigo, quant à lui, a parcouru l’Hexagone pour nous révéler un bestiaire insolite. En Asie, Françoise Huguier nous a offert en huis-clos les classes moyennes de Kuala-Lumpur, Singapour et Bangkok. Catherine Henriette nous a conté ses fables chinoises, sous le soleil et dans la neige. Puis Klavdij Sluban nous a menés au Japon, sur les traces de Matsuo Bâsho le maître du haïku. Outre-Atlantique, Eric Pillot nous a soumis au regard des animaux des zoos nord-américains ; et aux « frontières » de l’Europe, Bruno Fert nous a fait pénétrer dans l’intimité des abris d’hommes, femmes et enfants, migrants et réfugiés. Enfin, Claudine Doury nous a emportés dans son odyssée le long du fleuve Amour, à la rencontre des minorités de la Sibérie extrême-orientale.

Le Prix distingue, à chacune de ses éditions, une vision originale et unique d’un photographe de talent

La richesse et la diversité des projets récompensés reflètent le caractère exceptionnel des membres du jury. Rien n’aurait été possible sans eux. Composé depuis ses débuts de mes confères et présidé par notre Secrétaire perpétuel, ce jury réunit des artistes talentueux issus de disciplines variées. La musique avec Laurent Petitgirard, la peinture avec Gérard Garouste, la gravure avec Erik Desmazières, la sculpture avec Jean Cardot, le cinéma avec Régis Wargnier, et naturellement la photographie avec Yann Arthus-Bertrand, Jean Gaumy, Sebastião Salgado et Bruno Barbey, mais aussi le précieux concours de Patrick de Carolis et des correspondants de la section de photographie, Agnès de Gouvion Saint-Cyr, Jean-Luc Monterosso, Bernard Perrine, ainsi que du Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des Sciences, Jean-François Bach. La spécificité de ce jury est ainsi l’assurance de la qualité et de la singularité de ce Prix : un véritable prix décerné par des artistes aux artistes.

À l’image de notre Académie, il me tenait à cœur que ce Prix, désormais salué et reconnu autant par les artistes que la critique, soit pérennisé. C’est pourquoi, douze ans après sa première édition, j’ai souhaité la création d’une fondation abritée à l’Académie des beaux-arts, dédiée au financement du Prix de Photographie qui pourra ainsi poursuivre son soutien indéfectible à la création photographique et à sa diffusion.